Bilan pédagogique et synthèse du séminaire

Bilan pédagogique et synthèse du séminaire par l’IRSEI :

Vous trouverez ci-dessous une synthèse du point de vue de la délégation française :

L’inclusion sociale, scolaire et professionnelle des enfants et des jeunes relevant de la protection de l’enfance en Europe

Palerme, 26-27 mai 2022

Synthèse des deux journées

Journée 1

Présentation des locaux par le directeur du CEIPES qui nous accueille dans d’anciens locaux de la MAFIA !

  • Tour de table : Attentes, peurs, contributions

Les peurs

Comment sécuriser les moyens et les projets ?

Non engagement des partenaires.

Peurs touchant l’hébergement.

Peurs des familles.

Finir un projet dans les temps.

Surmonter les obstacles linguistiques pour les jeunes et les professionnels.

Les attentes

Durabilité du projet, pérenniser les objectifs sur le long terme.

Consolider les bonnes pratiques.

Développement culturel des jeunes, atténuer les préjugés des jeunes, socialisation.

Augmenter et améliorer la coopération entre les pays.

Possibilités nouvelles pour les jeunes du PRADO.

Les contributions

Dans le domaine du sport, de l’artisanat.

Cours à court et moyen termes.

Europass.

Continuer à alimenter le site créé par Andy Schaller.

Contribution du PRADO.

  • Présentation du programme de mobilités

Se connaître, appréhender l’environnement juridique et partenarial, découvrir et évaluer des pratiques inclusives.

Un programme sur 18 mois pour se doter c’une culture commune et partenariale :

-En France : l’évolution de l’institutionnalisation.

-En Italie : la conjoncture liée aux mineurs non-accompagnés (MINA).

-Au Portugal et en Espagne : la particularité des territoires locaux.

-En Roumanie et en Turquie : la prise en compte des enfants des rues.

La protection de l’enfance au regard de l’inclusion : favoriser l’inclusion de ces jeunes, une nécessité. Clarifier les concepts d’Inclusion et d’Intégration, participation de tous, dépasser les clivages.

Quelle stratégie ?

Poursuivre les rencontres lors des 3 séminaires.

Maintenir et développer les liens avec les opérateurs locaux, régionaux et nationaux selon les contextes.

Elargir les partenariats européens (Europe Centrale et du Nord).

Inscrire ce partenariat sur le long terme.

Mutualisation des moyens et des structures.

  • Atelier : co-construire de futures mobilités

Atelier Portugal – France – Roumanie

Qui ? Durée

Jeunes (+17), K1 : 1 mois

Professionnels (+18) : K2, 2 semaines

Thématiques

Tourisme (PT)

Langues et sport (FR)

Bois, restauration, héritage culturel (RO)

Objectifs

Atelier Espagne – Italie

Thématique

En choisir une seule de préférence entre compétences digitales, restauration ou art.

Enseignement numérique : à développer dès le plus jeune âge, intelligence artificielle (IA), égalité H / F dans les carrières numériques, lutte contre la désinformation.

Durée 

Réaliste : une semaine (KA1, KA2)

Idéal : plusieurs mois, un an (ESC, EYE), voire 2 ans

Pour les handicapés, selon leurs compétences cognitives, prévoir une durée plus longue.

Certificat

Youth pass (expérience multiculturelle)

Type de mobilité

Stage (entreprise privée ?) / formation (par une institution qualifiée, université ?)

Phase pilote

Tutorer les enfants ayant des problèmes de mémoire ou de comportement pendant 6 mois !

Pilotage obligatoire !

Atelier France – Turquie

Durée

Commencer par un séjour court en phase de pilotage : 

Une semaine de formation avant le départ, découverte culturelle, quelques notions linguistiques du pays d’accueil + 2 semaines à l’étranger.

Objectif

Découverte d’une autre culture et d’autres traditions culinaires, développement personnel.

Thématique

En choisir une seule pour commencer : la cuisine

Suivi

Si possible, un accompagnant formé à la cuisine. Problème : comment libérer un professionnel du PRADO ?

Accueil

Possibilité d’hébergement en internat, en Turquie et en France.


Journée 2

La protection des mineurs, Grazieangela MELOTTI, Assistante Sociale

Dès l’âge de 12 ans, un mineur a droit d’audience au tribunal et auprès d’un juge.

A 14 ans, il a droit de reconnaître un enfant naturel, de travailler dans certains secteurs, d’ouvrir un compte bancaire avec consentement du parent.

L’Etat doit garantir au mineur le droit d’être accompagné et soutenu dans son développement.

Les mineurs non-reconnus, les orphelins et les mineurs enlevés à leurs parents sont placés dans des foyers familiaux ou communautaires.

La communauté de type famille ou foyer

C’est une structure dont le but est d’accueillir des mineurs handicapés, des personnes âgées, ou desadultes en difficultés (problèmes psychosociaux).

Le nombre de mineurs est limité à 6 afin de garantir des liens interpersonnels.

La maison doit approcher la structure d’une maison unifamiliale et présenter toutes les normes sanitaires. Elle doit être ancrée dans le territoire.

Groupe appartement de jeunes

Ce service accueille des jeunes approchant les 18 ans ou plus. Les activités sont en grande partie gérées par les jeunes eux-mêmes.

Ces jeunes ont besoin d’expérimenter et de construire des relations positives, relations affectives stables leur permettant d’évacuer le sentiment d’abandon vécu par le passé.

Par conséquent, l’éducateur agit comme s’il était le parent mais sans l’être tout à fait : c’est un modèle adulte mieux placé pour tolérer le rejet éventuel par le mineur.


Sharon LAURICELLA, psychologue du comportement pour enfants

Aujourd’hui, et encore plus depuis le Covid, on parle d’adolescence multiproblématique : violence, comportements addictifs, langage contradictoire.

Les ressources

La famille, ou une famille « saine ».

L’école est bien sûre essentielle dans la construction des relations et la socialisation.

Autre ressource : la société qui doit offrir à l’enfant les meilleures conditions pour se construire et affronter la réalité du monde.

Il y a un problème sociétal (il faut distinguer le social du sociétal) : société individualiste qui favorise l’isolement et la perte de l’estime de soi, rendant ainsi les jeunes plus vulnérables. Elle nourrit un sentiment d’injustice entre filles et garçons, entre ce que j’ai et ce que je n’ai pas ! En fait les jeunes veulent se conformer aux stéréotypes et se sentent parfois inadaptés voire exclus. Certains jeunes peuvent alors décider de se mettre en retrait de la société, de s’isoler. Ce n’est dons pas un choix subi. Le jeunes se réfugie dans une zone de confort et les liens avec les autres, y compris avec les parents, se distendent.

Certains adolescents optent pour la provocation. Ils n’acceptent ni les règles ni l’autorité de l’adulte (parents, enseignants) et n’hésitent pas à transgresser les règles. Le discours fréquent envers les parents est souvent « tu ne me comprends pas, tu ne m’écoutes pas ». Les jeunes comprennent bien que les parents sont souvent dans l’incompréhension et cherchent ainsi à résoudre leurs problèmes par eux-mêmes. D’où un sentiment de solitude.

Problèmes de dépendances

Le Covid a accentué ce problème qui existait avant. Drogues, alcool, jeux vidéo, réseaux sociaux. Les enfants font groupe et se sentent ainsi plus forts. Ils rencontrent l’alcool et la drogue dès le collège. La période post-Covid fait aussi émerger un autre problème, les troubles alimentaires, anorexie, obésité, la nourriture étant un moyen ou un refuge pour combler le sentiment de solitude.

Autre sujet : la dépression. Ce n’est pas simplement un état d’âme mais une situation psychopathologique provoquée souvent par des problèmes relationnels au sein de la famille. Ces adolescents sont souvent les premiers à demander de l’aide.

En conclusion, nous vivons dans une société sourde, qui n’écoute pas, y compris à travers la famille et l’école. Il faut par conséquent se coordonner, trouver « la bonne fréquence radio ». La devise de Sharon Lauricella est : « Il est plus facile de construire des hommes forts que de réparer des hommes brisés » !


Serafina Moncada

Présentation d’une coopérative faisant de la prévention afin d’éviter que des jeunes soient placés dans des établissements. Elle est financée par la commune, la province, l’UE et par des volontaires.

L’association aide les jeunes au sujet du langage « des genres ». Le but est de les accompagner pour qu’ils trouvent eux-mêmes les solutions à leurs problèmes. En fait elle est un pont entre la rue et les institutions. Les jeunes ne connaissent pas vraiment leurs droits, ils ne savent pas à qui s’adresser pour solliciter de l’aide lors de problèmes scolaires ou familiaux. Il faut donc leur transmettre le langage approprié pour pouvoir « faire et être ». Il leur est aussi donné les adresses de la municipalité, d’une assistante sociale, un numéro de téléphone bleu.  Ils peuvent ainsi demander l’aide à laquelle ils ont droit.

L’association travaille également avec les familles car on ne résout rien sans elles. La protection du mineur passe donc par l’accompagnement des familles.

En ce qui concerne les migrants, certaines règles ne sont pas appliquées par manque d’argent. Ces mineurs sont scolarisés normalement, devraient avoir des cours d’italien et sont intégrés dans des classes « normales » avec des Italiens, conformément à des quotas d’étrangers fixés par l’Etat. La démarche se base sur l’inclusion et non sur l’intégration. Intégrer, c’est sortir de, inclure c’est mettre ensemble. Les deux premières circonscriptions de Palerme (qui en compte huit), comptent plus d’étrangers que d’Italiens si bien que l’intégration y est difficile. Mais elle se fait grâce aux enfants eux-mêmes qui se mélangent. Dans ces quartiers, les difficultés économiques et sociales touchent Italiens et migrants. Alors que faire ? Travailler avec la famille et la personne qui doit connaître ses droits.

L’association travaille aussi avec les politiques, car LA politique doit changer, notamment au niveau de la commune qui est responsable de l’aide aux mineurs.

Question d’A. IZZAR : Les bénévoles ont-ils toujours la foi ? En France, la motivation des professionnels est en baisse !

Réponse : on ne fait pas ce travail pour l’argent, mais il correspond à une philosophie de vie, c’est un choix de vie.


Federico Annibale (école populaire dans le quartier de la Cala)

L’école a été créée en novembre 2021. La première étape a été d’analyser les familles et le territoire. Ce concept est apparu le siècle dernier en Argentine.

L’école de Sant Erasmo cherche à combler les lacunes de l’école traditionnelle. Elle compte un groupe unique, l’idée est d’éviter les face-à-face professeur – élèves. Les élèves travaillent toujours en groupe. Le but de cet enseignement n’est pas de transmettre aux jeunes des connaissances mais de les rendre autonomes dans le groupe et grâce au groupe.

Les activités impliquent bien sûr les élèves mais aussi la famille, tous les acteurs de l’entourage des jeunes. Au début, il faut les aider à savoir : qui ils sont, qu’est-ce qu’ils veulent faire ? Quels sont leurs centres d’intérêts ? Qu’est-ce qu’ils veulent devenir ?

Les élèves viennent à l’école un jour par semaine, le vendredi.


Saimi Aidoudi (médiateur culturel, Projet LIMINE portant sur la procédure d’asile)

Qu’est-ce qu’un migrant et pourquoi vient-il en Europe ?

Les causes qui poussent des hommes à quitter leur pays sont multiples. Plus de sécurité, une meilleure assistance sociale et médicale, fuir une guerre, des problèmes liés au climat, des problèmes biologiques (récemment on a constaté des migrations liées au Coronavirus).

Le problème est que, souvent, les migrants espèrent atteindre une sorte de paradis… Dans l’attente de services offerts par l’Etat.

Le choc suivant l’arrivée en Italie

Les migrants ont tendance à idéaliser le pays d’accueil, mais à l’arrivée, les problèmes surgissent rapidement. La culture, le climat, le mode de vie, la langue… Toutes ces différences sont des freins à l’intégration. Les premiers jours semblent idylliques, mais cet état ne dure pas longtemps. Les conditions d’accueil, plutôt favorables en Sicile, ne le sont pas forcément dans toute l’Italie. Beaucoup d’associations et de structures offrent leurs services.

Principaux pays d’origine des migrants mineurs (dernières statistiques)

Ukraine : 27.9%

Egypte : 16.6%

Bangladesh : 12.3%

Albanie : 9.1%

Tunisie : 8.6%

Pakistan : 4.2%

Principales régions d’accueil en Italie

Lombardie : 19.6%

Sicile : 18%

Emilie-Romagne : 8.8%

Calabre : 8.4%

Frioul –Vénétie – Julienne : 5.3%

Toscane : 5.1%

Il faut savoir qu’en Italie, la région dans laquelle un migrant arrive doit le prendre en charge. Les migrants qui rejoignent l’Italie par le nord (Ukrainiens notamment) arrivent en Lombardie, et ceux qui la rejoignent par le sud (Afrique, Asie) arrivent souvent à Lampedusa et en Sicile.


Laura Bondi, avocate

Laura Bondi aborde également le thème des migrants MNA.

Au 30 avril 2022, les statistiques montraient que plus d’un MNA migrant sur deux était dans la tranche d’âge 7 – 14 ans. A cette date, les jeunes Ukrainiennes représentaient 87.5% des jeunes migrantes ! En 2018, les jeunes Nigériennes fuyant les problèmes de traite des jeunes filles étaient en tête du classement. La plupart de ces jeunes filles, tout comme les Ivoiriennes, ont souvent été employées comme domestiques.

Beaucoup de ces jeunes filles d’origine africaine quittent l’Italie et se dirigent vers la France où un travail les attend et où elles vont se marier. Le but de ces Ivoiriennes est donc de rentrer en France, de s’y installer et même d’y acquérir la nationalité française.


Moussa Doumbia, MNA ivoirien

Moussa explique tout d’abord les causes de son départ de Côte d’Ivoire. Il a quitté son pays pour des raisons familiales, tout simplement parce que ses parents n’avaient pas les moyens de financer sa scolarité. Il a commencé par aller à Abidjan où il a travaillé deux ans. Suite à des problèmes, il est retourné dans son village où il s’est organisé pour quitter la Côte d’Ivoire.

Il a donc quitté son pays à l’âge de 13 ans. Il s’est rendu à Yamoussoukro puis a pu rejoindre le Burkina-Faso. Chaque jour a été une aventure et Moussa n’ose pas rentrer dans les détails… Il a traversé ensuite le Niger et est arrivé en Lybie, pays en guerre et sans loi… Il a ensuite pu gagner l’île de Lampedusa. Son voyage a duré environ 3 mois…

Questions

Philippe G : Que fais-tu maintenant à Palerme ?

Après quatre jours à Lampedusa, il a pu aller rapidement au collège avec des Italiens qu’il avait déjà fréquenté dans son pays. Il fait actuellement une formation en coiffure. Il est en 3ème année et son diplôme lui permettrait de travailler dans tous les pays de l’UE.

Marioara : As-tu la possibilité de demander le regroupement familial ?

Moussa n’a pas obtenu les informations nécessaires pour entamer des démarches. Ne comprenant pas encore l’italien, il n’avait aucune information sur les lois en vigueur. Après des années il a pu se faire faire un passeport ivoirien (difficile à obtenir auprès de l’ambassade). Moussa a aussi la carte d’identité italienne qui n’est pas un document de  nationalité. Moussa est par conséquent de nationalité ivoirienne. Son problème est donc qu’il n’est pas encore citoyen européen, il n’est pas relié à l’espace Schengen mais son passeport lui permet de voyager dans l’UE.

Philippe Gallard, Secrétaire d’EUROPAFORM71